Dr Olivier Chevallier, gynécologue à Paris 16 vous explique la prise en charge du SGUM chez la femme ménopause.
Le SGUM concerne 60% des femmes ménopausées et peut affecter grandement leur qualité de vie.
Il entraîne des manifestations:
- Locales: irritations, démangeaisons, brûlures
- Sexuelles: sécheresse, inconfort lors des rapports sexuels ( appelé dyspareunie)
- Urinaires: dysurie ( difficulté de vider la vessie), incontinence urinaire d'effort, envies anormalement fréquentes ou impérieuses d' uriner, infections urinaires à répétition.
Sans compter le fait que la perte de tonicité des tissus vaginaux et périvaginaux entraîne volontiers l'apparition ou l'aggravation d'un éventuel prolapsus ou d'une incontinence d'effort consécutifs aux accouchements et jusque là silencieux.
Le <SGUM n'est pas une fatalité: il est en effet possible de le prévenir ou de le traiter grâce à l'utilisation de traitements légers locaux et sans risque visant à préserver ce que l'on pourrait appeler le «capital vaginal».
Les produits hydratants et lubrifiants (type monasens, replens) :
ils augmentent la vascularisation vaginale, hydratent la muqueuse et aident au maintien d'un pH acide physiologique.
Ils sont efficaces sur les manifestations locales et l'inconfort sexuel mais pas sur les manifestations urinaires.
Cependant, leur action est ponctuelle, de courte durée et ils n'empêchent pas l'inévitable altération avec le temps et donc la perte d'amplitude, de souplesse vaginale due à la dégradation des tissus.
L'acide hyaluronique:
Sous forme de crème, d'ovules, d'injection: son efficacité et les limites de son action semblent comparables à celle des produits hydratants.
Les oestrogènes:
ils sont la base de la prise en charge du SGUM.
Utilisés dans le cadre d'un THS, ils peuvent s'avérer insuffisants pour restaurer une trophicité vaginale normale.
Les oestrogènes locaux (crème, ovules, anneau) s'avèrent plus efficaces. Leur activité est dose dépendante,Ils prennent en charge sur le long terme le SGUM
dans sa globalité en préservant la qualité des tissus.
Cependant, leur utilisation s'accompagne volontiers de lassitude qui expose la femme à un défaut d'observance et peut être contre indiquée dans certains cas.
De plus, si leur action est locale, elle s'accompagne parfois d'une diffusion des oestrogènes absorbés par la paroi vaginale, sans risque.
Leur efficacité est potentialisée par l'utilisation locale de probiotiques ( comme les lactobacilles).
Ainsi, afin d'éviter l'éventuelle diffusion et l'irritation initiale parfois décrite lors de l'introduction des oestrogènes chez une patiente anciennement ménopausée, il est souhaitable de respecter la séquence suivante: lubrifiants puis oestrogènes locaux associés aux probiotiques.
Les androgènes:
ils peuvent aussi avoir leur place dans la prise en charge du SGUM:
- le livial (tibolone) :
Au niveau vaginal, le livial a un effet oestrogen-like dont il est dépourvu au niveau endométrial . Son efficacité est similaire à celle d’une hormonothérapie conventionnelle par œstrogènes. Cependant son action androgen-like en fait un traitement préférentiel pour les femmes présentant des troubles de l’humeur ainsi que des troubles sexuels.
- la DHEA sous forme orale ou d'ovule
Les SERM : ospemifène
Son utilisation orale quotidienne induit un effet pro-oestrogénique au niveau vulvo-vaginal sans effet sur l’endomètre . Cependant, il entraine une augmentation du risque thrombo-embolique, contre-indiquant ce traitement aux patientes ayant des antécédents de maladies emboliques veineuses.
Le laser ou la radiofréquence:
Ils créent une élévation de la température locale au niveau de la muqueuse vaginale et dans le tissu sous jacent appelé chorion.
Cette élévation entraîne une remodelage de la muqueuse et,dans le chorion, une augmentation de la vascularisation qui elle même stimule les sécrétions et donc la lubrification ainsi que le réveil des fibroblastes et donc la synthèse du collagène.
Les fibres de collagène se raccourcissent et s'épaississent tirant vers la surface les couches profondes, renforçant ainsi les parois vaginales.
Ils se montrent efficaces dans la prise en charge de toutes les manifestations du SGUM.
Leur efficacité est comparable à celle des oestrogènes.
Ils sont particulièrement intéressants chez les femmes ménopausées depuis longtemps ou lassées d'utiliser des médicament locaux, chez les femmes chez qui le THS est contre indiqué.
Cependant, elle diminue avec le temps et le traitement doit donc être renouvelé de temps en temps.
Bien sûr, il ne faut jamais oublier les bonnes règles de vie hygiénodiététique:
- activité physique régulière (30 à 45 minutes de marche rapide par jour),
- arrêt du tabac et de l’alcool,
- diminution du café, du sucre et de l’alcool,
- régime équilibré et pauvre en graisse,
- apport suffisant en calcium ( quantité recommandée : 1200 à 1500 mg/j) et de vitamine D ( une exposition au soleil de 15 à 30 mn/j peut suffire mais l’absorption cutanée diminue avec l’âge et compte tenu de la fréquence des déficits en vitamine D, il est conseillé un apport de 400UI/j ou de 100 000 UI par trimestre).